— Il était une fois une jolie famille. Le père était commentateur à la radio, et la mère vendeuse dans un grand magasin. Le père était américain et s'éprit d'une belle étrangère, et elle, tout aussi sous son charme, décida de quitter son pays (froid) natal pour vivre aux côtés de son aimé.
— Il était une fois une petite fille, issue de cette délicieuse union. Elle était un peu trop agitée, un peu trop capricieuse, un peu trop bruyante ; elle n'était pas toujours très sage, mais ses parents l'aimaient beaucoup.
— Il était une fois une tranquille petite vie. La jolie famille vivait heureuse et épanouie, le papa connaissait beaucoup de monde et espérait offrir une vraie vie de princesse à sa petite fée et sa délicieuse épouse. Il y arriverait, un jour !
— Il était une fois un drame. Le papa disparut, et la petite fée ne comprenait pas bien. Elle n'avait que 7 ans, et son papa lui avait promis de rentrer tôt pour venir la chercher. Mais papa n'a pas tenu sa promesse.
— Il était une fois la justice. Le cadavre démembré bien emballé et étiqueté, des morceaux de viandes que l'on a fini par nommer.
— Il était une fois, ma chérie, la vie. La justice, c'est une jolie chimère, et ton papa, il la verra jamais la justice. Parce que tu vois, on avait pas les meilleurs avocats.
— Il était une fois, l'incompréhension. Et la petite fée, 11 ans et ses ailes arrachées, voulait hurler sa haine d'un système qui l'avait abandonnée (elle, la victime) au profit des méchants loups (les meurtriers).
— Il était une fois un nouveau départ. La maman voulait appeler ça comme ça, parce qu'elle, elle crevait. Alors elle est partie avec la petite fée sous le bras, rentrée chez papa et maman, retourné dans la confiserie de son enfance. Essayer de vivre, encore, un peu.
— Il était une fois une gamine à l'imagination trop douloureuse. Elle deviendrait folle Oprah ; partagée entre les cauchemars et les fantasmes (de ceux que n'ont pas les petites fées colorées).
— Il était une fois une école. Parce qu'Oprah était différente disait-il, loin de son âme brisée et de son innocence meurtrie, loin de son regard féroce et de ses rêves emplis de pantins désarticulés (au visage de son père décédé).
— Il était une fois un masque que la petite fille dû apprendre à porter, celui du soleil, de l'enfant qu'il restait quelque part entre ses côtes. Et un chapeau aussi, qui lui appris qu'elle n'était pas qu'une boule de haine et de douleur, qu'elle pouvait être en vie aussi.
— Il était une fois un dragon. Une boule de cristal terne qui, subitement, s'est illuminée entre ses doigts ; telle une lumière qui répondait à ses appels à l'aide silencieux. Le monstre était si beau, la bête si attentionnée, que la gamine au cœur défiguré ressentit à nouveau sa vie picoter. Elle, elle ne la quitterait jamais. Sa si belle Anarkia , dragonne de terre aux noms successifs qui met l'embarras à son teint.
— Il était une fois un mensonge. Mais la petite fée ne savait plus vraiment vivre sans lui, ouvrir sa carapace et pleurer pour de vrai. Alors elle devrait se contenter d'être sucrée, effacer sa colère réprimée, cacher ses plaies.