DRIVING ME CRAZY (ezra)
elle voulait juste
voler.
En vérité, elle n’avait même pas prévu de s’entraîner ; elle n’avait sorti aucune balle et s’était seulement contentée de vérifier la disponibilité du terrain. Candide craignait toujours qu’on la surprenne, facilement embarrassée ; mais il fallait bien qu’elle commence à se mettre dans le crâne que cette année, elle ne pourrait pas se planquer.
Pas après avoir réussi à devenir l’attrapeuse de son équipe. Ce serait ridicule ! elle allait jouer devant toute l’école, il était temps qu’elle s’y prépare.
Mais ce n’était pas non plus pour ça (se préparer) qu’elle était là. Elle voulait juste voler. Sentir le vent lui fouetter le visage et balayer sa chevelure, l’oxygène glacé dans ses poumons – la liberté de virevolter, l’impression de ne plus avoir aucune attache, aucune emprise. Comme si, soudainement, elle pouvait être courageuse (se libérer d’elle-même)
Elle adorait voler avec Ilyas pour ça. Ce type était un peu un clown et un imbécile (quoiqu’il était… aisément détrôné), mais elle ne se prenait jamais la tête avec lui. Elle était… elle était… un clown et une imbécile. Pourtant, être influençable ne faisait pas partie de ses défauts -ou elle l’avait zappé, celui-là. Mais il arrivait à la libérer d’elle-même -la pousser à s’envoler. Elle n’avait subitement plus peur d’être vue et voulait même
gagner. alors elle se disait que, peut-être, elle avait des chances d’y arriver, même sans lui. Peut-être qu’elle pourrait être libre, pourrait vouloir gagner (peut-être même pourrait-elle y parvenir !). elle voulait y croire.
Alors elle ne réfléchissait pas ; d’habitude, ça ne posait pas trop de problème. D’habitude, même à l’instant, elle s’en sortait ; mais pas cette fois. Elle perdit prise et se sentit
excessivement libre ; la panique la saisit et elle se souvint immédiatement qu’elle n’avait pas pris sa baguette -pas d’accio balais. Mais quelle cruche ! quelle gourde !
QUELLE CONNE !
Comment elle parvenait à s’insulter en tombant, c’est un mystère. Le temps semblait ralentir alors que le sol se rapprochait dangereusement, qu’elle se voyait déjà soit morte soit défigurée sans paralysée -bref, une fin fort peu joyeuse. Sa carrière comme joueuse aura été fort courte.
Et puis en fait… non. La violence de l’impact lui donna le hoquet -et le tournis-, et elle se raccrocha à son sauveur comme si sa vie en dépendait -ce qui, de fait, était le cas. Elle ne prêta pas immédiatement attention à qui l’avait sauvée -elle était encore à la phase où elle analysait que
quelqu’un l’avait sauvée. Elle réalisa seulement en entendant sa voix. «
IT'S RAINING SOME CANDIDE, ALLELUIAH ! » elle écarquilla violemment les yeux et releva la tête vers lui. En fait, maintenant, elle arrivait à analyser la situation. Et c’était tout bonnement ridicule (même si elle paniquait toujours, adrénaline, tout ça).
Elle était dans ses bras, en mode princesse, et il faisait presque conquérant… avec une vanne nulle… (elle aurait peut-être dû mourir finalement) elle changea violemment de couleur et s’agita avant de réaliser qu’elle ne pourrait rien faire de plus que s’achever à cette hauteur ; alors elle se raccrocha plus vigoureusement encore à lui en priant que personne d’autre ne voit ça.
Personne d’autre. Vraiment. C’était suffisamment humiliant comme ça.
«
omg la ferme »
C’était sorti tout seul, et elle se mordit la langue après coup ; son teint ne pouvait heureusement pas forcir plus encore, elle aurait muté sinon. «
je veux dire. Merci. » ses yeux brillaient de larmes qu’elle retenait difficilement -la peur, mais aussi l’embarras lui broyaient les côtes. c’était si dur d’être elle, des fois… de ne pas gérer la gêne…
«
Tu sais, y a un truc chez les moldus, ça s'appelle le saut à l'élastique. C'est tout comme t'as fait, sauf qu'il te manquait l'élastique. Tu sais, pour éviter de t'étaler comme une crêpe par terre. C'est cool comme truc. »
Elle releva de nouveau les yeux ; elle n’avait pas l’air de bien le prendre.
(de fait, elle ne le prenait pas bien.)
«
Tu en as d’autres des vannes nulles comme ça ? »
Elle avait une boule dans la gorge et sa vue se brouillait encore un peu plus ; l’humiliation bien plus que la peur, désormais, l’étouffait. Franchement pas le meilleur moment pour des vannes nulles. (ou peut-être que si)
Elle papillonna des yeux pour faire fuir les larmes et, comme c’était attendu, elles dévalèrent ses joues à la vitesse de l’éclair. C’était particulièrement gênant, et elle s’empressa de s’essuyer les yeux. Il fallait qu’elle se calme, vraiment… «
désolée. Tu m’as sauvée, et moi, tout ce que je trouve à faire, c’est m’énerver sur toi… encore merci. Tu. Tu peux me reposer maintenant ? s’il te plaît ? »
Elle se racla la gorge -elle était pitoyable- et tenta une sorte de sourire -vraiment pitoyable. «
oh, et tu peux garder ça pour toi aussi ? »
(sinon, elle était toujours en mode princesse. C’était vraiment… particulier…)(wait il était plus fort qu’elle ne l’aurait imaginé)