Il avait un brasier en lui Finn : une rage inexpliquée, aveugle inimitié.
Il était comme une bombe à retardement, sans doute parce qu’il en portait une en lui.

Ce jour-là son compte à rebours avait atteint zéro. Le mot de trop, le geste déplaisant, c’est sa violence qui déborde. Finn le savait pourtant, qu’il devrait garder son calme. Mais se laisser faire oh, son ego déjà trop malmené ne le permettait pas.
Alors il frappait et grondait et ce n’était pas beau - il n’avait rien de doux, rien de poétique, les histoires les plus courtes ne sont pas les meilleures c’est faux, les bêtes déchaînées ne sont pas faites pour être admirées encore faux.

C’est ce qu’il hurlait (en secret) à s’en époumoner lorsqu’il frappait.

Et si vous le trouvez hideux vous devriez voir dans quel état a fini l’autre ; si vous le trouvez injuste vous devriez voir ce dont ce monde est capable.

Quand ses nerfs furent enfin calmés, le jeune homme lâcha sa victime et le surplomba de toute sa hauteur le temps d’un regard voilé sur son oeuvre.
Il avait recommencé. Ces incidents étaient devenus rares pourtant depuis son arrivée à Freyas Evige, mais parfois Finn avait des excès que lui-même ne comprenait pas.
Il ne pouvait que céder et subir.

Déjà le contre-coup se faisait sentir : un pincement vif semblable à un choc électrique dans sa poitrine haletante l’avertit qu’il était temps de s’éloigner. Pestant en silence, le blond murmura un “Crétin.” (qui donc ?) avant de s’éloigner lentement - mais toujours le dos droit et la tête haute, ne montrer aucune faiblesse.
Ce n’est qu’une fois à l’abri dans l’ombre de l’école qu’il se laissa aller.

Désormais pantelant, Finn s’adossa contre la paroi froide en serrant sa chemise au niveau de son cœur. Il devait reprendre son calme, retrouver son souffle, calmer cet organe qui tambourinait contre sa cage. L’américain s’exhortait tant bien que mal à retrouver le contrôle de son corps, vite avant que quelqu’un ne le voie.
Trop tard.

Des pas froissant l’herbe l’avertirent qu’on l’avait trouvé. Sans prendre la peine de relever le visage, il grogna “C’est occupé ici, qui que ce soit va sécher ailleurs.” sur le ton le plus menaçant possible dans son état actuel.
Ne montrer aucune faiblesse, si seulement c’était possible.
Il en avait trop.

“Tu… pas l’air d’aller…”
D’aller quoi, bien ? Non, sans blague. T’en as d’autres des remarques très intelligentes du style ? Et en quel honneur un type sorti de nul part se permettait une telle remarque ? S’il en avait eu la force, Finn l’aurait sans doute déjà saisi par le col pour lui expliquer le fond de sa pensée. Seulement, Finn était actuellement en position de faiblesse. Tout ce qui lui restait c’était son honneur en désarroi - pauvre fierté malmenée.
Il n’était qu’un roi bafoué, acculé au bord de l’échiquier. Prêt à tomber.

Et à ce moment, tout ce qui échappa à son altesse déchue fut un grognement menaçant. Il déglutit lourdement en froissant un peu plus le tissu de son haut. Quelle veine, bordel. Pourquoi avait-il fallu qu’il croise quelqu’un ? Finn détestait ça. Il refusait que quiconque l’aperçoive dans cet état - tremblant, pantelant, trop faible, trop vulnérable.
Ce n’était pas lui. Ça ne pouvait pas être lui. Pourtant la douleur dans sa poitrine était bien réelle, lui tordant les entrailles, rongeant sa patience déjà menue.

Le blond espérait que l’autre aurait au moins compris son “casse-toi” informulé.
Malheureusement non.

“Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Où est-ce que tu as mal ? Tu veux que j’appelle l’infirmière de l’école ?” C’en était trop. Finn releva la tête en crachant un “J’veux qu’tu dégages, c’était pas assez clair la première fois ?!” courroucé. Il s’aida ensuite du mur pour se redresser et se mit doucement en marche. “J’ai pas besoin d’aide.” C’était un sifflement entre ses dents, qui s’adressait autant au brun qu’à lui-même : Finn Barnum pouvait très bien s’en sortir tout seul.

Mais il avait beau se donner des airs, son pas n’était pas assuré ; et au bout de trois mètres sa vision se brouillait déjà. L’américain pesta. Il n’arrivait même pas à se tenir droit (pathétique).
(il était juste pathétique)