▬ A part dire que je suis monstrueusement génial – si si, j’vous jure, c’est pas de la modestie mal placée -, il n’y a pas grand-chose à raconter sur ma pomme et mon passé. C’est vraiment pas intéressant de dire que je suis né le cinq Décembre de l’année 1989 d’un couple dont on se demandait bien ce qui pouvait les unir. Ils avaient l’air de s’aimer. Ouai. Avaient l’air, vous avez raison de retenir ce mot-là, plus que les autres.
Attention, pas de mariage arrangé ni rien de tout ça. Juste, mon père était jamais à la maison, toujours fourré dieu savait où et ma mère… Ahah, ma mère c’était encore autre chose. Bon, en même temps, ce n’était pas vraiment de sa faute, la pauvre. Je suis sans doute un peu injuste. Elle était atteinte d’apathie. Peu importe ce que je pouvais faire, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. A se demander pourquoi elle avait tant voulu un enfant de mon paternel, d’ailleurs. Bon, après, s’il faut ce n’était même pas de sa volonté à elle. Je n’ai jamais vraiment posé de questions là-dessus j’dois dire.

▬ Quoi qu’il en soit, enfance –presque – normale dans une petite ville à la frontière de l’Ecosse et de l’Angleterre. Ma famille était plus riche que la moyenne, du coup je recevais pleins de trucs nouveaux régulièrement par mon père. Une compensation pour n’être jamais là ? Sans doute. Schéma classique en bref. J’avais finis par m’en foutre, si vous me permettez un peu de vulgarité. Je savais déjà qu’à mes douze ans, j’allais devoir aller dans un pensionnat à Londres pour suivre les traces de mon père et de mon grand-père et de mon arrière arrière grand-père, Sir Carter troisième du nom et bla et bla et bla. Bordel, même pas dix piges que je trouvais déjà ça chiant à mourir.
De l’autre côté, y’avait ma mère,  Layle Owlman, écossaise aux lointaines origines roumaines. Ouai, de quoi rendre le couple que formaient mes parents encore plus étrange, je sais. Je n’ai pas d’explications outre mesure non plus là-dessus ; allez donc leur poser la question directement si vous êtes chauds – parce que moi clairement pas.

▬ Sordide petit miracle en revanche, lorsque j’ai neuf ans et après notre déménagement aux États-Unis pour cause paternelle - le boulot, tout çaaa -, ma mère accouche de deux autres enfants ; un autre garçon et une fille. Mon petit frère et ma petite soeur. Des jumeaux. Je me souviens que ma première pensée pour eux fut « ah, les pauvres. »
Splendide, hein ? Ça donne envie ? L’apathie était toujours là. D’un côté, j’étais rassuré, il n’y avait pas qu’avec moi que ma mère, notre mère, était ainsi. J’me consolais comme je pouvais, hein, j’étais encore un gosse.

▬ Au final, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de les connaître, ces fameux jumeaux. L’année suivante, j’ai reçu ma lettre via Hiboux pour Ilvermorny et la suite, bah, vous vous en doutez, non ? Les meilleures années de ma vie, sérieusement. J’ai adoré mes années scolaires là-bas. Je ne rentrais même pas pour toutes les vacances ; juste les grandes vacances et Noël parce que… Bah il fallait bien en passé par là. C’était plus une galère qu’autre chose – j’avais l’impression que mon frangin et sa jumelle changeaient de figure à chaque fois que je les revoyais – parce qu’autrement, moi, rester tout seul dans le château à déambuler comme un prince, j’trouvais ça monstrueusement fun.

▬ Un jour, j'ai participé à un atelier de correspondance avec des élèves d'une autre école de magie, qui avait pied en Australie - ou un endroit trop chaud pour moi dans tous les cas. C'est comme ça que j'ai rencontré celle qui allait bouleverser ma vie. Eulalie. A l'époque, j'étais en couple avec mon meilleur ami, Kai. Et pourtant, je trouvais un certain réconfort avec cette correspondance-ci. J'appris plus tard que elle aussi. Et pour des raisons hautement plus sombre. Ce fut la première fois que j'entendis parler du nom de Jayden. Et croyez moi, j'étais pas prêt de ne plus l'entendre, c'lui là.

▬ Au final, j'ai même participé à l'échange d'un trimestre entre les deux écoles. J'ai pu rencontrer Eulalie. Un des meilleurs moment de ma vie. Bon, ça a bien foutu le bordel dans mon couple de l'époque, aussi. Mais bon... Au moins, j'ai pu casser les couilles de Jayden bien comme il faut. Ça m'a suffit. Bon, j'ai manqué de mourir, aussi. Mais c'est une autre histoire, ahah.

▬ Finalement, à la fin du trimestre, il a fallut que je retourne à Ilvermorny. Et là, les choses nulles ont recommencées. Je me suis séparé d'avec Kai qui n'avait plus le temps pour moi - ses études lui prenant trop de temps et son paternel ne pouant définitivement pas m'encadrer. J'ai pas trop réfléchi, en fait. J'étais tellement détruit que j'ai supplié un membre du personnel de Ilver' de m'emmener avec lui alors qu'il allait se rendre dans l'autre école. J'ai voyagé en transplanage totalement collé à lui comme une sangsue. Merci bro'. De là, j'ai atterri devant Eulalie, complétement bousillé. Elle m'a recollé. Je lui dois tout.

▬ Ca c'était passé pendant mes vacances d'été. On avait une semaine de décalage avec Eulalie, alors, elle m'a gardé avec elle et une fois qu'elle fut elle aussi en vacances, me ramena chez elle. J'avais jamais rencontré des parents aussi drôles et accueillants. Après Jayden, rien ne les obligeaient à m'accueillir les bras ouverts. Mais ils l'ont fait. Et plus encore. J'aurais pas les mots pour exprimer ma reconnaissance.

▬ J'ai finis par demander mon transfert dans l'école du Sud. Allez savoir pourquoi mais mes parents ne s'y sont pas opposés. J'avoue que j'étais trop content pour me poser davantage de questions.

▬ Avance rapide, l'année suivante, nous formons un couple avec Eulalie. Je l'aime, elle m'aime, point. Sa meilleure amie nous répète à quel point c’était obvious et nous, on se marre bien. Doudou est devenu la mascotte officielle de notre trio. J'en connais un qui a crissé des dents. Tant mieux.

▬ Mais voilà, une fois mes diplômes obtenus, il a bien fallu que je retourne chez moi ; l'école n’ayant pas vocation à accueillir les déserteurs indéfiniment. Tristesse absolue dans mon petit cœur mou comme une fougère. Mais je devais au moins essayer de m'habituer de nouveau ua monde moldu. Eulalie m'ayant réconcilié avec ce dernier.

▬ Mais bon, j’ai essayé, hein. J’ai VRAIMENT essayé d’aimer le monde humain, d’y vivre, tout ça. C’était trop galère. Trop de restrictions, pas assez de fantaisies, ça ne me convenait pas. Les seules choses que j’appréciais, c’était les jeux vidéo – Fire Emblem : Révélation, c’est putain de bien. Passons. Après un an à avoir aider une propriétaire de boutique d’épice dans le centre-ville de New-York – mais qu’est-ce qui m’était passé par la tête omg, je haïs cette ville en plus – j’ai décidé de donner ma démission. Faut dire qu’en général, une engueulade avec le paternel, ça donne tout sauf envie de rentrer. Déjà que j’étais pas bien pressé de base, mais là… Et puis Eulalie me manquait beaucoup trop, j'en pouvais plus de la voir une fois tous les six mois.

▬ Hein ? Quoi ? L’engueulade ? Oh, je peux vous la résumer en quatre citations.
« Fils, il est temps pour toi de prendre en main ta vie et de suivre mes traces. Deviens médecin ! »
« Pour finir comme toi avec une vie faussement plaisante ? Non merci l’croulant, je passe mon tour. »
« Comment oses-tu parler ainsi à ton père ?! »
« Je parle comme je veux à un inconnu qui a jamais été foutu d’être là autrement que pour s’envoyer en l’air avec ma mère quand ça l’arrangeait. »

▬ Et bim, une taule. Gencives en sang et cordialement prié de partir. Soit, je n’ai pas vraiment souffert de ça, je dois dire. J’avais une pensée assez égoïste en fait. Tout valait mieux que ma vie là-bas, avec eux.
Je suis retourné dans le monde magique du Sud où là aussi j’ai écumé plusieurs petits boulots ; tantôt dans une bibliothèque d’œuvres magiques, puis dans une boutique de baguettes, ect… J’ai même bossé dans un bar de sorciers, un jour. C’était fun.

▬ A mes vingt et un an, Eulalie m’annonce qu'elle est enceinte. Je flippe ma race mais bon, on décide de garder le bébé. Je sais à quel point c'est important pour elle et... Elle sait très bien me convaincre. Solveig naît neuf mois plus tard, en pleine santé. Entre temps, nous nous sommes mariés, avons essuyer la connardise de mes parents que Eulalie voulait rencontrer pour bien faire les choses (mais mon père avait toujours eu la sale tendance à pas savoir fermer sa gueule donc j'ai coupé court en voyant les larmes de ma significative other) et avons même rembarrer Jayden qui avait attendu qu'Eulalie soit presque sur le point d'accoucher pour venir payer une visite. Go to hell, all.

▬ Mais arrivé à vingt-quatre ans, j’ai eu besoin de nouveautés, professionellement parlant. Après un an de réflexion et plusieurs discussions avec des amis et mes proches, j’ai décidé de m’orienter vers le professorat au sein de l'école du Sud. Après tout, pourquoi pas ? J’avais jamais tenté. Je fais mes premier pas il y a presque cinq ans maintenant. Et en plus pour enseigner le soin aux créatures magiques, c'est pas la classe ultime, ça? Ouai, vive les licornes! Ma matière préférée depuis mes débuts de sorcier - et accessoirement là où je défonçais tout le monde niveau notation!-, sérieusement. C'est un peu un pseudo rêve d'ado que de faire ça. J’étais comblé.

▬ Tout se passait pour le mieux dans le meilleur de nos mondes, jusqu'à il y a quelques mois. Jayden a refait surface. Encore. Et cette fois, il s'est approché de Solveig. Autant dire que j'ai sorti les crocs et qu'Eulalie s'est chargé de le remettre en place. Je rage tout de même un peu que le meurtre soit passible de prison. M'enfin. Notre priorité était de protéger Solveig.

▬ Finalement, après discussion, nous décidons d'accepter la proposition de poste qu'une école au Danemark nous proposait. Freyas Evige. Je n'en avais jamais entendu parler mais, après tout, pourquoi pas? Un nouveau départ avec ma famille, cela ne peut être que positif.