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"La musique est une révélation" [ft. Lennart]

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"La musique est une révélation" [ft. Lennart] Δ Jeu 14 Mar - 23:43
 « La musique est une révélation »

MacDonell
Morgane

Ødegård
Lennart Ossian


Il était là…ses yeux perçants, glacés, luisaient de tout leur vice au milieu des ténèbres, encadrés par cette immonde chevelure blonde ; sa respiration grave, bestiale, terrifiante, résonnait dans la nuit ; ses mains calleuses, marquées par le pire des péchés, s’avançaient lentement, frôlant ce délicat cou d’albâtre, prêtes à le briser, prêtes à récidiver. Impossible de bouger, impossible de crier, d’appeler à l’aide. C’était donc fini ? Pas maintenant, pas comme ça…

Dans une violente inspiration, Morgane se redressa brusquement, saisissant vivement sa baguette pour se défendre. Ses lèvres tremblantes de rage ne laissèrent échapper aucun son, aucun sortilège. Face à elle, rien, il s’était évaporé. La jeune femme restait là, immobile, hébétée, haletante, terrifiée, à menacer fébrilement le vide, un fantôme, un monstre qu’elle savait pourtant enfermé à des lieues d’ici. Une larme coula lentement le long de sa joue tandis qu’elle passait une main sur son cou, comme pour s’assurer que tout allait bien. Un bruissement d'aile la fit sortir de sa torpeur, la ramenant peu à peu à la réalité. Tout ça n'était qu'un mauvais rêve... Elle soupira, abaissant lentement sa baguette ; du coin de l’œil, elle remarqua sa chouette qui la fixait d’un œil très inquiet, une compassion qui arracha un léger sourire, triste certes, à Morgane.

« Excuse-moi Effie, c’était juste un mauvais rêve… »

Juste un mauvais rêve ? Si seulement…Ce rêve, Morgane l’avait très régulièrement fait étant jeune. Avec les années, il était devenu de plus en plus rare, ce qui rendait les nuits où il revenait de cette manière, sans crier gare, d’autant plus angoissantes. Elle avait perdu l’habitude de se confronter à la plus grande de ses peurs. D’une main encore tremblante, elle essuya sa joue, le temps de reprendre sa respiration. Prendre l’air, elle en avait soudainement besoin, cette chambre l’étouffait, comme si l’objet de son cauchemar persistait à vouloir l’atteindre…Vaincue par le poids de ses traumatismes, elle se leva, allumant quelques bougies d’un léger mouvement de baguette, pour se rendre vers sa commode d’où elle tira un déshabillé qu’elle enfila en vitesse avant de le recouvrir avec le manteau propres aux Yeux d’Heimdall ; à une heure pareille, elle ne risquait pas de croiser grand monde dans les couloirs, mais ce genre de précaution n’était jamais de trop. Elle se faufila à l’extérieur de sa chambre et ferma sa porte avec délicatesse pour ne pas réveiller ses collègues dormant dans les chambres voisines.

De nuit, l’école était incroyablement calme, loin du chahut des élèves, le temps semblait suspendu ; la pénombre offrait à la bâtisse un nouveau visage dont seuls les oiseaux de nuit tels que la rouquine semblaient avoir le privilège de profiter. Déambuler dans l’immensité de l’école avait toujours été un remède que Morgane utilisait après avoir fait un mauvais rêve, elle s’imprégnait de son atmosphère si rassurante et si réconfortante pour effacer ce visage ignoble qui la terrifiait tant et persistait à venir la hanter.

Ses pas feutrés finirent par la mener vers son véritable lieu de réconfort, celui dont elle n’avait jamais parlé à personne : la salle de bal ; depuis ses quinze ans, la jeune femme avait pris l’habitude de s’y rendre, c’était devenu un véritable refuge. Depuis tout ce temps, personne ne semblait s’en être rendu compte, ou bien personne ne le lui avait fait savoir. Tout le long de sa scolarité, elle avait toujours fait en sorte de ne pas se faire prendre, mais une fois diplômée, elle avait cessé de se faire du souci pour cela, peut-être parce que ce genre d’événement s’était fait bien plus rare ?

L’immense double porte en bois donnait l’impression qu’entrer relevait de l’impossible, et pourtant… «Alohomora». Quelques cliquetis et autres sons mécaniques retentirent dans un vacarme sourd, étouffés par l’épaisseur des boiseries. Morgane poussa avec délicatesse l’une des grandes portes et se glissa dans la pièce ; l’immensité de celle-ci était tout bonnement prodigieuse. Sous le regard de pierre des fondatrices de l’école, la jeune femme déambulait dans la pièce, se remémorant une multitude de souvenirs, de très bons souvenirs pour la grande majorité. Au fond c’était ça qui parvenait à la réconforter, se sentir chez soi, et Freyas Evige était bien le seul lieu sur cette bonne terre où elle avait le sentiment profond d’être chez elle ; un petit sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu’elle se rappelait les crises piquées à l’approche des vacances scolaires pour ne pas retourner chez ses grands-parents.

Près de la grande estrade, quelques instruments habituellement utilisés lors des cérémonies étaient entreposés. Jouer un petit air se révélait être particulièrement tentant mais risquait de lui coûter cher en terme de discrétion. Alors Morgane se rendit près de l’une des grandes fenêtres, tout au fond de la salle. D’un coup de baguette, la jeune femme réveilla le vieux gramophone qui dormait là et laissa s’élever une douce mélodie tout en prenant garde à garder un volume relativement bas. De la musique classique, signée par un compositeur russe fort bien connu.

Ne plus penser à rien, contempler la vie nocturne depuis la fenêtre et apprécier un petit air de violon, telle s’annonçait la nuit de Morgane. Un petit courant d’air se fraya un chemin dans la pièce et vint caresser les joues de la jeune femme qui, parcourue d’un long frisson, resserra les pans de son manteau contre sa poitrine, sans se demander, tant elle était perdue dans les méandres de ses pensées, si elle n’avait pas omis de fermer complètement la porte…
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Re: "La musique est une révélation" [ft. Lennart] Δ Sam 16 Mar - 14:26
à mille saisons, mille étoiles

Fais fi des signes du ciel, seuls les faits sont ton bréviaire
MORGANE
LENNART
Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac.
Quai de l’insomnie ; bureau du directeur ; deux heures trente-sept du matin.

« Je suis pourtant certain de l’avoir déjà rempli, alors pourquoi est-ce que je— ? »

Badaboum !
Que— ? Sursaut ─ contraction des muscles en flexion, nuque fléchie ─ et mirettes qui balaient le bureau en long, en large et en travers. Une touffe de poils blancs accroche néanmoins bien vite mon attention. « Toi. »
miaow.
La voilà la coupable : Symphonie... — qui, soit dit en passant, s’esbaudit en se léchant goulûment les pattes (en toute innocence — ou du moins le fait-elle croire). Air soupçonneux. « Mais qu’as-tu encore f— » non ! Mort dans l’âme. La pile de livres calée sur le bureau en acajou vient de finir sa course à même le parquet ciré. Pauvre de moi. Soupir. « Tu as décidé de n’en faire qu’à ta tête aujourd’hui encore, n’est-ce pas ? » ne demeure que le
miaow
de protestation. Regard torve. « Maudite chatte. Allez. File ! » cette collection est si ancienne qu’une chute, à elle-seule, peut irrémédiablement l’endommager ; imaginez donc comme—
ron-ron.
Tressaillement nerveux. Pourquoi diable vient-elle s’installer justement sur le tas de bouquins retournés ?! « Je t’ai dit de déguerpir ! » c’est sans appel. Un geste ample à senestre suffit pour la chasser —
shhhhh !
— tandis que je m’affaire à ramasser les malheureux, esquivant de peu la griffure dans la fuite précipitée du ragamuffin pourri-gâté.
Animal sans cervelle ! Les gants courts et noirs viennent frotter les couvertures une par une pour les épousseter — fort heureusement, il n’y a pas un gramme de poussière et l’état général semble bon. Soupir de soulagement. « Tu as de la chance, ils sont intacts. » je n’aurais pas donné cher de ta peau dans le cas contraire. Tremblements incontrôlés. Pas maintenant ! Allons prendre l’air.

Oeillade vers l’horloge. Deux heures cinquante-quatre. « Les dossiers attendront. »

Corridors frais et (presque) déserts de Freyas ; trois heures une du matin.

(long manteau noir aux ailes d’or, gilet sans manches noir ─ en laine italienne, six boutons de fermeture, ainsi que deux poches passepoilées élégantes ─, chemise blanche, cravate en grenadine de soie, pantalon de costume noir d’ébène ─ en laine italienne ─, chaussures assorties)

« Lumos. »

Les escaliers n’en finissent plus et les pas résonnent entre les murs.
Tap tap tap tap tap tap tap. Tap tap tap (...)


Les quelques rayons de lune illuminent les longs couloirs dont les immenses fenêtres feraient sans aucun doute pâlir les plus « Poudlarophiles » des environs. La lumière émanant de la baguette ne m’est plus d’aucune utilité et c’est tout naturellement que je mets fin au sortilège. « Nox. » il serait regrettable que certains oiseaux de nuit passent à travers les mailles du filet ─ la jeunesse aime les sorties en catimini, comprenez. C’est dans un mouvement quasi-mécanique que je desserre légèrement le nœud de cravate — pas qu’il fasse chaud, mais je ressens comme une gêne dans le fond de la gorge. Et puis il y a ce « bruit » ; un son léger mais qui ne peut échapper à mes oreilles de mélomane.
iiiiiiii.
Je me fige instantanément.
iiiiiiii.
du.
iiiiiiii.
violon ? Plissement des yeux.
iiiiiiii.
à cette heure-ci. Vraiment ?
iiiiiiii.
Tchaïkovski. Douce mélodie qui berce mes sens et me conduit jusqu’à la porte subtilement entrebâillée de la salle de bal — la tête ne tarde d’ailleurs pas à s’immiscer entre deux pour inspecter. Une petite souris perchée sur un rebord.
criii.
La porte grince légèrement tandis que je m’infiltre le plus souplement possible dans la pièce avant de fermer derrière moi.
iiiiiiii.
Maintenant je la vois plus distinctement. Rien de plus qu’une petite souris rousse (je ne suis pas le plus physionomiste mais cette chevelure fauve ne saurait me tromper) familière aux sorties nocturnes — et particulièrement à la salle de bal.
iiiiiiii.
Très mauvaise habitude qu’ont la plupart des membres du corps enseignant, mais qui suis-je pour juger ce travers ? À chacun de chasser ses démons comme il l’entend et le souhaite. Bien entendu. Sourire narquois qui point. Qui d’autre après tout ?

« Obscuro. » léger souffle. La voici avec un bandeau noir — retirable — sur les yeux.

Pas de loup.

« Il y a bien longtemps que vous n’étiez pas venue ici, mademoiselle MacDonell. » un presque-chuchotement, une voix voilée ─ désincarnée ─ sortie de nulle part qui serait sans doute à même de la faire sursauter.
iiiiiiii.
Tu n’es pas aussi discrète (jeune sorcière) que tu sembles le penser ─ parce que c’est bien là ta démarche, non ? Je suis juste à ses côtés — totalement absorbée elle n’aura pas été assez vigilante —, m’adossant délicatement au mur. L’astre lunaire balaie les environs et n’en est que plus beau, suivi de prés par la mélodie qui continue de défiler en arrière-plan.
iiiiiiii.
« Un très bon choix. » plissement des yeux. Les étoiles semblent danser dans le ciel dégagé et c’est pensif que je me répète. « Oui, c’est un très bon choix. » cependant la prudence ne doit pas s’élider à son profit. « Néanmoins c’est encore un échec, mais je suis certain qu’un jour vous parviendrez réellement à tromper ma vigilance. » ... ou du moins, à être plus discrète (autant avec moi qu’avec les autres ; je suis loin d’être le centre du monde). L’obscurité nous va si bien. « Si vos étudiants sont aussi distraits, je ne donne pas cher de leur peau : fort heureusement le sortilège était inoffensif. » qu’elle n’y perçoive pas une remontrance mais plutôt... une sorte de rappel à l’ordre ?
iiiiiiii.
Bien que protégée, on ne sait tout de même pas toujours ce que l’on peut croiser dans l’enceinte de cette école. Donnons-lui le fond de ma pensée : ce n’est plus une enfant après tout, parlons entre adultes ; parlons sans filtre. Appuyons sur la détente et voyons sa réaction. « Vous n’êtes plus mon élève miss MacDonell et je le conçois, mais en tant que membre du personnel — et donc en tant qu’être majeur et vacciné — je m’attends tout de même à un peu plus de discrétion et de clairvoyance de votre part... lors des escapades nocturnes. » le « votre » qui désigne l’ensemble de la profession ; est-ce trop demander ? Je ne suis pas contre leurs échappées sauvages — car après tout ils sont libres de faire comme bon leur chante : il n’y a pas de couvre-feu et je ne suis ni leur père ni un moraliste — mais un peu plus de professionnalisme ne serait pas du luxe : si quelque chose de grave se passe ici, la responsabilité m’incombe automatiquement.
© ASHLING POUR EPICODE


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Re: "La musique est une révélation" [ft. Lennart] Δ Ven 22 Mar - 19:52
 « La musique est une révélation »

MacDonell
Morgane

Ødegård
Lennart Ossian


Dans l’obscurité, profitant des quelques rayons de Lune qui lui caressaient le visage, Morgane savourait ce moment de solitude, les pensées mélancoliques qui avaient envahi son esprit reculaient, défaites par ce simple air de violon s’échappant du gramophone ; l’art, et plus particulièrement la musique, avait cette capacité à sublimer chaque instant et d’apaiser les âmes esseulées.

Mais l’imprévu aussi avait son charme n’est-ce pas ? Un léger voile noir la prit par surprise, venant se placer devant ses yeux. Plongée dans les ténèbres, sans céder à la panique, elle resserra immédiatement la prise sur sa baguette. « Finite Incantantem ! » Le voile s’évapora aussi vite qu’il était apparu. Elle avait réagi vite, par réflexe, mais ne se sentait aucunement en danger, elle doutait fort que l’individu à l’origine d’une attaque si douce soit venu avec de mauvaises intentions. Une voix s’éleva, arrachant un petit sursaut à la rouquine ; une voix que Morgane connaissait bien, à la fois douce et autoritaire, sans pour autant contenir une once d’agressivité, calme et relativement neutre ;  une voix qui avait animé la majeure partie de sa scolarité ainsi que les débuts de sa vie d’enseignante. L’entendre s’élever de la sorte, au beau milieu de la nuit, et interrompre brutalement ses pensées l’avait certes faite sursauter, mais une fois la frayeur passée, un léger sourire vint orner le visage de la jeune femme. Elle souriait à la fois pour camoufler le malaise que la remarque de son ancien professeur venait d’installer en elle, mais également parce qu’il s’agissait d’une personne pour laquelle elle éprouvait un profond respect et qu’elle était donc, malgré une situation désavantageuse, très heureuse de croiser.

Alors il était au courant ? Rien de bien surprenant quand on y réfléchissait bien ; Morgane s’était souvent trouvée bien naïve de penser qu’elle parvenait à tromper sa vigilance, cela semblait bien trop facile, et elle en avait désormais la preuve… Elle ne lui fit pas l’affront de demander depuis combien de temps il était au courant, la réponse semblait plus qu’évidente.

« Bonsoir Monsieur Ødegård » souffla-t-elle « Je ne savais pas que vous aimiez jouer de petits tour à vos collègues. » Elle arborait un sourire taquin en faisant cette remarque, qui relevait bien plus du simple constat que de la provocation. Après tout, ce petit tour aura eu le mérite de lui faire remarquer, non sans une certaine élégance, son manque de vigilance. Elle se tut un instant, observant du coin de l’œil le nouvel arrivant. Il contemplait les étoiles, splendide spectacle qui avait su hypnotiser Morgane pendant de longues minutes. Parmi les quelques rayons de Lune qui parvenaient à traverser le verre épais de la fenêtre, certains venaient se fondre en des reflets légèrement argentés dans la chevelure sombre du directeur tandis que d’autres donnaient un éclat particulier à sa peau. Il semblait presque irréel.

« Un très bon choix ». Retour à la réalité ; la musique, Morgane l’avait presque oubliée. Elle entendit de nouveau le chant du violon, comme si celui-ci s’était arrêté pendant de brèves secondes. Ses lèvres s’entrouvrirent, prêtes à répondre, mais un plissement des yeux du directeur lui indiqua qu’il avait quelque chose à ajouter : « Oui, c’est un très bon choix. ». Un sourire timide, ravi, s’étira sur le visage de la jeune femme « Merci Monsieur. » Elle savait que le directeur était un fin mélomane, certainement bien plus qu’elle, et recevoir un compliment de sa part en matière de musique avait quelque chose de très flatteur. La suite n’allait pas être aussi réjouissante, mais au fond, il fallait s’en douter non ?

Un échec…c’était dur à entendre mais il avait raison de le souligner. Hélas, là n’était pas le pire, le directeur savait appuyer sur les points sensibles et une fois le sujet des élèves abordé, le sourire de Morgane s’était totalement évaporé. Elle aurait pu répliquer qu’apprendre aux élèves à réagir quand ils se font prendre par surprise n’était pas si idiot… mais si elle avait bien tiré des leçons des années passées dans sa salle de classe, c’était que jouer la carte de la mauvaise foi avec cet homme était une très mauvaise idée, elle s’y était déjà risquée une fois, mais jamais une deuxième. Se laisser bêtement sermonner n’était pas non plus son genre. Admettre les faits et faire en sorte de ne plus les reproduire, c’était la solution la plus simple.

« Vous avez parfaitement raison ; son regard se posa sur la fenêtre, pensive ; c’est bien la preuve qu’il me reste encore bien des choses à apprendre du métier de professeur, non ? »

Malheureusement pour Morgane, le directeur ne semblait pas en avoir terminé avec cet incident. Une dernière remarque, aiguisée, tranchante et terriblement juste. Dieu qu’elle avait horreur de se sentir aussi irresponsable ; elle s’en serait rendue compte d’elle-même en retournant dans sa chambre, comme à chaque fois, alors le fait que quelqu’un vienne lui remonter les bretelles, d’autant plus quand il s’agit du directeur, avait le don de la mettre terriblement mal à l’aise. Et que répondre à cela à part acquiescer ? Comme il l’avait dit, elle n’était plus une enfant, même si elle avait été perturbée par son cauchemar, cela n’était pas une excuse pour faire n’importe quoi derrière, surtout en tant qu’œil d’Heimdall. On ne l’y reprendrait plus.

Finalement, une petite lueur, un éclair, fusa dans son esprit. Directeur ou non, Morgane savait faire preuve de répondant. Sans laisser à son interlocuteur le temps de voir qu’elle avait été touchée par sa remarque, son visage s’orna à nouveau d’un sourire tandis qu’un petit éclat plein de malice vint scintiller au creux de ses pupilles. Elle tourna le dos à la fenêtre, son attention était désormais toute entière pour son collègue.

« Je vais vous faire une petite confidence ; il arrive souvent que l’époque où vous me faisiez profiter de votre savoir me manque terriblement. Peut-être pourriez-vous m’apprendre à me faire plus discrète ? »

Elle retint un petit rire, amusée par l’absurdité de sa propre question, il y avait peu de chances pour que ce genre de réponse lui convienne. Elle tenta de reprendre un air un peu plus sérieux ; sans pour autant chercher à camoufler la malice qui l’habitait.

« A moins que vous ne me mettiez réellement au défi de parvenir à tromper votre vigilance, et dans ce cas, je suis prête à le relever. »

Sans avoir le temps d’ajouter un mot de plus, Morgane se rendit compte que le violon s’était tu. Était-ce encore le fruit de son esprit bien trop distrait ? Elle tourna la tête vers le gramophone, le disque ne tournait plus. Déjà ? Elle réalisa soudainement le temps qu’elle avait dû passer ici, à remuer ses pensées, avant qu'Ossian ne vienne la réveiller. Peut-être avait-elle bien fait d’être étourdie. « Accio. » Quelques vinyles, légèrement poussiéreux, sortirent d’un petit carton posé aux côtés du gramophone et virevoltèrent avec légèreté jusqu’aux mains de la rouquine. Elle détailla rapidement les titres du regard pour finalement les tendre au directeur.

« Vous me feriez un honneur si vous choisissiez la suite Monsieur. »
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Re: "La musique est une révélation" [ft. Lennart] Δ Lun 8 Avr - 21:57
Toujours se relever

Si tout s'écroule tu reconstruis ; c'est comme ça la vie.
MORGANE
LENNART
« Je ne savais pas que vous aimiez jouer de petits tours à vos collègues. »
Il y a encore bien des choses que nous ignorons l’un de l’autre et c’est tant mieux.

Ce regard quasi-innocent dont elle seule a le secret ; ces yeux de tourterelle. Tantôt petite marchande d’illusions, tantôt petite fille modèle. Ce charme insolent. Une petite fille aussi blanche qu’une brebis qui se roule dans la boue. « Je vais vous faire une petite confidence hum ? ; il arrive souvent que l’époque où vous me faisiez profiter de votre savoir me manque terriblement. plaît-il ? j’avais pourtant bien le sentiment que son manque de concentration témoignait d'un manque d’intérêt certain pour mes cours ; me voici bien étonné par cette confession. Peut-être pourriez-vous m’apprendre à me faire plus discrète ? » tente-t-elle allègrement de me flatter « À moins que vous ne me mettiez réellement au défi de parvenir à tromper votre vigilance, et dans ce cas, je suis prête à le relever. » ... ou bien de me défier ? En toute femme sommeille une bougresse potentielle — n’est-ce pas — ; mais pour le moment elle n’est encore qu’aux prémices de la malice. Un sourire point, progressivement. Fort bien. Voilà une des qualités (en plus de son talent musical) que j’apprécie plus que de raison chez cette « jeune » rousse, d’aussi loin que je m’en souvienne : son audace certes maladroite — voire suicidaire — «  Accio. » mais, au demeurant, captivante. Mi-ange mi-démon. J’aurais pu le prédire. Mes quinquets ne la quittent pas d’un poil ; c’est à peine si j’en cille. Mais sait-elle seulement sur quelle pente elle s’engage en me provoquant de la sorte ?

« Vous me feriez un honneur si vous choisissiez la suite Monsieur. »
hum ? L’alacrité et la bienveillance ne font pas tout en ce bas monde.

Les disques microsillons en Vinylite finissent entre mes pinces habillées de rouge et c’est sans minauder que je les consulte brièvement  — Carl Philipp Emanuel Bach, Wolfgang Mozart, Luigi Boccherini, Joseph Haydn — avant d’entamer le chemin menant au gramophone. La Symphonie n° 45 en fa dièse mineur sera parfaite tant elle est singulière : nous serons les deux derniers « violons » de Haydn.

Le cerveau ne marque pas de pause, lui, et réembraye sur le sujet du défi.

Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Mérite-t-elle toute cette attention alors que le temps me manque déjà cruellement au quotidien ? Le disque est sorti de son étui et achève sa course sur le plateau tournant, mais pour autant, le bras tubulaire ne bascule pas. J’ai autre chose en tête. Les nuits sont si courtes et— Déraison et fierté. « Si nous considérons — d’un commun accord, bien entendu — qu’il s’agit bel et bien d’un défi, il me tarde de goûter à votre ingéniosité, miss MacDonell. » c’est d’accord : jouons donc au jeu du chat et de la souris. « Locomotor ! » mais... « Cependant, avant même de discuter de potentielles cruelles contreparties... » ... distrayons-nous. La housse de protection écrue qui recouvre certains instruments s’élève et lévite dans les airs pour finir par se poser sur le côté de la scène. « ... que diriez-vous de m’accompagner au violon ? » comme il serait gauche de faire un vacarme d’enfer alors que je viens de lui reprocher (plus qu’)à demi son manque de discrétion il y a quelques secondes à peine. Le geste de baguette est souple. « Insonorizam loco* ! » c’est un dôme translucide d’une teinte bleutée qui emplit la pièce et qui finit par s'étioler, laissant de petites particules lumineuses en suspension pendant dix bonnes secondes. « Allons, ne vous faites pas prier. » aucun son ne filtrera en dehors de cette pièce : qu’elle prenne ceci comme la première « leçon » ; il faut savoir se montrer pragmatique quand on ambitionne de devenir un sorcier digne de ce nom. « Je ne vous laisse de toute façon pas le choix. » à bon entendeur. N’attendant pas sa réponse, je me dirige vers le piano à queue — aux quatre-vingt-huit touches — et m’installe sur la banquette à pelotte en velours noir. Mes phalanges s’attardent silencieusement sur la surface lisse des blanches et glissent sans appui sur toute la longueur — au moins, si de la poussière volatile est passée à travers les mailles de la housse, il n’en est plus rien maintenant. Quelle agréable sensation. Comme c’est vivifiant ! Travaillons les poignets, les articulations métacarpo-phalangiennes, la flexion des deuxièmes phalanges, puis enfin la flexion des troisièmes phalanges pour partir sur de bonnes bases : c’est que ça fait un moment que je n’ai pas pratiqué. Entre temps, mon pied vient bloquer la pédale, rendant le son plus sourd dans la pratique de quelques gammes. Le doigté montant. Le doigté descendant. « Un tout petit peu plus de souplesse ne serait pas du luxe, Lennart. » les doigtés symétriques. « Voilà qui est mieux. » ne sois pas étonnée de me voir parler seul, voyons, tu me connais maintenant. Je me souviens encore du cauchemar passé, de tout ce temps qu’il aura fallu pour enfin maîtriser la gestuelle, mémoriser les sons, englober l’âme de l’instrument. Oui, vraiment, ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple ; mais les résultats sont là maintenant alors ne nous torturons pas plus l’esprit.

Mes iris se perdent sur la silhouette de la jeune assistante mais rejoignent bien vite le cahier de partitions et la mélodie sélectionnée.

Le nocturne n° 20 en do dièse mineur de Frédéric Chopin.

Une fois la pédale relâchée, quelques notes répétitives et bien spécifiques se font enfin violence. Frisson. « Quand vous voulez. » est-elle toujours le prodige auquel je pense ou bien a-t-elle définitivement perdu la main ? Mes mirettes se ferment et c’est plus relaxé que j’attends son premier frottement d'archet. Fais-moi rêver.

Que demander de plus qu’un concert privé au clair de lune ?

*insonorizam loco : n’ayant pas trouvé d’équivalence — après moult recherches — pour l’insonorisation dans le monde de HP, je suis tombée sur un site qui, semble-t-il, a inventé des sorts pour sa propre fiction.
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Re: "La musique est une révélation" [ft. Lennart] Δ

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